dimanche 5 avril 2009

Morsure de rappel

« Mais ce n'est pas une œuvre de haine. Le pauvre être qui a causé toute cette souffrance est le plus malheureux de tous. Songez quelle sera sa joie à lui aussi quand, son double malfaisant étant détruit, la meilleure part de lui-même survivra, son âme immortelle. Vous devez avoir pitié de lui aussi, sans que cela empêche vos mains de le faire disparaître de ce monde. »
— Bram Stoker, Dracula, chapitre 23.

Mon histoire avec Dracula remonte au lycée, à la terminale. Ne voulant pas faire mon devoir de mathématiques, je flânais dans le C.D.I., attendant que les autres finissent leur travail pour recopier. Regardant les romans, je me suis trouvé nez à nez avec Dracula, d'un certain Bram Stoker. J'ignorais totalement que c'était lui qui l'avait écrit, et je ne savais pas non plus que la narration était épistolaire, comme me le dit la "dame du C.D.I.", qui me félicita pour mon choix.

On croit tout savoir de Dracula. On sait que Christopher Lee l'a joué. Que Francis Ford Coppola a réalisé son Dracula en 1992 avec la plus belle femme du monde à son époque dans le rôle de Mina, Winona Ryder. Que Dracula suce le sang de ses victimes et qu'il vit dans un château entouré de brume en Transylvanie.
Dracula n'est pas un méchant méchant, et sa "vie" ne se résume pas à mordre de frêles donzelles pour boire leur sang. Dans l'oeuvre originelle, d'ailleurs, jamais le point de vue du comte n'est abordé. On ne voit que par les yeux, ou plutôt par les écrits, des hommes qui l'affrontent.

Alors, qu'est Dracula ? Un vampire, bien sûr. Un être complexe, pour sur. Quelque chose que l'on ne peut pas saisir, l'ombre qui est affrontée ne peut être approchée, ses contours ne peuvent être délimités. Impossible de savoir, c'est ce qui trouble encore à la lecture du roman. Maintenant, tout le monde sait ce qu'est un vampire, ce qu'est le mythe de Dracula. Pourtant, à la lecture, le mystère reste intact.
Car ce Dracula là n'est pas celui que nous connaissons.

1 commentaire:

  1. Triste sire, ayant eu son heure de gloire au XVème siècle, ô voivod.

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