lundi 10 août 2009

Dites-nous comment survivre à notre folie

La seconde nouvelle du recueil Dites-nous comment survivre à notre folie d'Ôé, éponyme, est parue en et nous conte l'histoire d'un homme, coupé de sa mère, qui ignore comment a vécu son père lors des dernières années précédant la mort, qui attend impatiemment la naissance de son fils. Seulement, à sa naissance, le médecin lui annonce qu'il est atteint d'une malformation, et que l'opération le laissera pour mort, au mieux retardé mentalement.
Il ne faut pas être omniscient pour faire le rapprochement entre l'idée de base de cette nouvelle et la naissance en 1964 de l'enfant de Kenzaburô Ôé dans les mêmes conditions, comme je l'avais déjà évoqué dans mon articles sur ses Notes de Hiroshima.

Au fil du récit, l'homme réussit à tisser un lien de communication entre lui et son fils, mais est-ce cet enfant qui en a vraiment besoin, lui qui ne peut que répéter quelques mots qu'il entend, sans aucune logique ?
Kenzaburô Ôé explore et expose une situation qu'il a du vivre ou imaginer se produire dans sa vie réelle, et en parlant de lui, il parle de manière universelle, dans ce qui touche au rapport à l'autre et à la différence. Seulement, l'approche utilisée par le Prix Nobel de Littérature s'avère un brin tortueuse avec une langue bien moins précise que dans Gibier d'élevage. Il ne s'agit ici plus d'un narrateur enfant, mais les méandres de la psychologie paternelle sont difficiles à suivre. Le choix de ne pas attribuer de nom à ses personnages en dehors de l'enfant (Mori, ce qui en latin signifie "mort" et "idiot") renforce ce flou. Je ne critique pas ce choix, je l'ai moi-même fait pour mon premier écrit, mais dans ce cas, par le jeu de ressemblances entre les protagonistes, le vocabulaire vient à manquer pour désigner chacun des personnages, et le lecteur s'embrouille quelque peu.
En dehors de cela, qui nécessite une grande concentration de lecture et un total dévouement à la nouvelle, celle-ci reste d'un fort enseignement en ce qu'il s'agit des relations humaines et du problème rencontré par les parents d'enfants handicapés et du comportement qu'ils doivent adopter vis-à-vis de cet enfant, de ceux qui les entourent, mais également vis-à-vis d'eux-mêmes.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire