vendredi 11 septembre 2009

Love Gun

Après les denses 800 pages de La Terre sous ses Pieds, me voilà devant Le Fusil de Chasse de Yasushi Inoué, 87 pages aérées. Le changement est radical.

Second roman de cet auteur important du paysage littéraire japonais du XXe siècle, d'ailleurs lauréat du prix Akutagawa, écrit en 1949, il nous plonge dans ce qui pourrait être la quintessence de l'amour et de l'adultère. Le roman s'ouvre sur une narration à la première personne où un homme raconte qu'il a envoyé à une revue sur la chasse un poème décriant quelque peu cette pratique. Il s'attend à recevoir une volée de bois vert de la part de lecteurs mais son poème passe inaperçu. Enfin presque. Un jour, il reçoit une lettre d'un dénommé Josuke, qui dit s'être parfaitement reconnu dans le chasseur solitaire décrit dans le poème, et confie qu'il s'agit du premier poème auquel il s'est intéressé de sa vie, et qu'il a trois lettres qu'il s'apprêtait à brûler, mais qu'il pense qu'elles pourraient servir à un poète. Quelques jours plus tard, le narrateur originel reçoit les trois lettres, trois faisceaux d'un amour, décrit de manière très contemplative, avec beaucoup de retenue vite balayée par des sentiments à vif.

Hokusai Katsushika, Le Mont Fuji

Les trois lettres proviennent de trois femmes différentes, trois victimes d'un mensonge adultérin, trois visions d'un même évènement qui change au gré des fantasmes de chaque femme. Trois femmes : la fille de la maîtresse qui vient de se suicider, la femme de Josuke, Midori, et enfin dans une lettre posthume la maîtresse. S'enchainent les très belles scènes, entre la fille qui ne comprend pas, la femme qui se tait pendant treize ans en souffrant et s'érige une forteresse, et la maitresse qui se replie dans son secret du péché. Et une question reste en suspens : jusqu'où aller par amour ?


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