vendredi 17 avril 2009

Supplice

Me voilà de retour en Nipponie avec la lecture de deux nouvelles de Yukio Mishima, Ken et Martyre, issues du recueil Pèlerinage aux Trois Montagnes, ici regroupées en un seul petit volume à 2€, chez Folio. Ken a été rédigée en 1963 et Martyre en 1964.

Je dois admettre que je ne connaissais rien de Yukio Mishima avant de lire le recueil, j'ai été attiré par le petit prix, un peu le thème des nouvelles, mais également par la possibilité de découvrir un nouvel auteur. La seule chose que l'on m'ait dite lorsque l'on m'a vu lire le recueil, c'est que Mishima s'était suicidé en public, en 1970, d'un magnifique seppuku. Je ne vais donc pas en dire plus sur lui, vu que j'en savais encore moins lors de la lecture (aujourd'hui, cela a changé, et je ne peux que vous encourager à lire sa fiche sur Wikipedia, même si cela ne reste que Wikipedia).

Commençons par Ken. Cette nouvelle raconte l'histoire de jeunes étudiants membre d'un club universitaire de kendô, entre le chef Jirô, fort et parfait, le première année Mibu, en adoration devant le premier, et Kagawa, celui qui respecte le chef mais aspirerait à mieux. Autant le dire tout de suite, je me suis profondément ennuyé. L'écriture est très poétique, contemplative, mais cela étire sur la longueur un récit qui n'en a pas vraiment besoin, vu le peu d'évènements qui s'y produisent. Par-ci par-là traînent quelques métaphores poétiques vraiment belles, pleines de sens, mais qui n'arrivent pas à tirer vers le haut une histoire simple, voir simpliste. L'on pourra me dire que tout se trouve dans le non-dit entre ces personnages qui ne savent identifier leurs attirances, mais là encore, il n'y a aucune surprise, depuis les premières lignes la suite de l'histoire est tracée, et ne parlons pas de la chûte, qui arrive comme un cheveu sur la soupe après pourtant quatre-vingt pages d'un long développement. Je suis ressorti de cette lecture vraiment déçu.

Martyre, quant à elle, ne fait qu'une trentaine de pages, un peu moins ; et sa qualité n'a rien à voir avec la précédente nouvelle. Martyre est vraiment un récit que je ne qualifierai pas de prodigieux, mais qui m'a plus qu'agréablement surpris après la purge Ken. J'ai vraiment aimé cette nouvelle, peut-être que le thème m'a un peu plus interpellé que l'histoire de jeunes kendoka, car mettant en scène des adolescents dans un internat dans un jeu de persécution entre le caïd Hatakeyama et le souffre-douleur Watari, qui est pourtant plein de ressources. L'ambiguïté déjà présente dans Ken est ici clairement explicitée, peut-être un peu trop. Le compromis entre les deux nouvelles aurait été parfait, à mon avis. Au niveau de l'écriture, la contemplation laisse un peu la place à l'action et aux sentiments, l'écriture est beaucoup plus ciselée et pourrait-on dire façonnée pour que rien n'apparaisse superflu. La chûte parait un peu brute, rapide, mais entrant dans la forme de logique des deux adolescents et amenant le lecteur à reparcourir rapidement la nouvelle pour tenter d'apporter lui-même son explication à cette fin.

Ce petit recueil de deux nouvelles me laisse donc un goût amer apès vraiment un très long Ken, alors que Martyre, courte et percutante, est vraiment bonne. Alors, Mishima, qu'es-tu ? L'auteur de Ken ou celui de Martyre ? Probablement l'homme des deux, ce qui me poussera à lire autre chose de cet auteur, chose qui n'était pas gagnée après la première nouvelle...


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire