mercredi 17 juin 2009

On the road again

J'ai attendu longtemps avant de lire La Route, de Cormac MacCarthy. Ce livre avait éveillé mon attention alors que je regardais le Grand Journal, sur Canal +, et que le grand Ali Baddou en faisait une excellente critique, et en dévoilait la trame : dans un monde post-apocalyptique dévasté et dépeuplé, un père tente de survivre avec son fils, dernier feu qui habite encore son univers de gris. Malheureusement pour moi, le livre venait juste de sortir en grand format, et n'ayant pas les bourses nécessaires à un tel investissement, j'ai du attendre, et quelle ne fut pas ma joie lorsque je vis il y a de cela peu de temps que le roman était enfin disponible en poche chez Points ! Je me suis jeté dessus pour le dévorer.

Pas la peine de vous faire attendre plus longtemps, mon verdict est en accord avec mes attentes initiales, il s'agit là d'un très bon livre, mais avant d'en tresser un éloge, je voudrai revenir sur un point qui m'a absolument horripilé. Est-il normal que dans un livre à sept euros, l'on trouve régulièrement des coquilles plus que gênantes ? Une dans le livre, je veux bien, mais une presque toutes les huit ou dix pages, c'est absolument affolant ! Je passe encore sur le "man geais" ou le "ti rait", espaces mal placés mais qui donnent envie de s'arracher les cheveux, mais lorsque parfois, il manque des morceaux complets de phrases, c'est tout bonnement inadmissible, tellement que j'ai failli arrêter ma lecture à la vingtième page, excédé. Et la lecture se poursuit, et lorsque l'auteur veut jouer avec son style, on finit par se demander si ce n'est pas du à une faute de l'éditeur... Vraiment honteux.

Dans le roman, pas de nom, juste le fils et son père. Le lecteur les accompagne tout le long de leur voyage sur la route vers le Sud pour fuir l'hiver qui approche. Les descriptions sont fines, décomposées en plusieurs niveaux de gris, seule "couleur" de ce monde terne ravagé, couvert de cendres.
La principale préoccupation de l'homme est la survie de son fils, de ne jamais l'abandonner et de toujours le rassurer. Cependant, les dialogues entre les deux personnages s'en tiennent au strict minimum. Seuls au monde, ces deux personnages ne se parlent pas entre eux, pris par la peur et les interrogations du fils auxquelles le père ne peut répondre. Ce fils qui est pour l'homme le moteur de sa survie : il possède deux balles dans son revolver, ils sont deux. Si jamais cela devait tourner mal, il ne pourrait faire face seul sans le feu, sans son fils qui incarne la pureté du renouveau post-apocalyptique.
Face à eux, des humains redevenus animaux, que l'on entrevoit par les yeux de l'homme, lors de courtes scènes horrifiques. Est-ce qu'il y a encore des gentils ? Les gentils, acculés, peuvent-ils toujours être gentils ?
L'écriture de MacCarthy est orale, avec une accumulation de conjonctions de coordination à la place des virgules, ce qui étouffe parfois le lecteur qui ne peut pas reprendre son souffle, et se trouve entraîner malgré lui dans un long phrasé dont il a du mal à tenir le rythme. Ce n'est pas un hasard, et si j'ai pu lire certaines critiques reprochant cette approche au livre, je trouve personnellement que cela s'adapte parfaitement au thème, à la situation du roman et correspond presque dans l'esthétique à ce que vivent les personnages.

A noter qu'un film est prévu pour cette année, avec notamment Viggo Mortensen dans le rôle de l'homme. N'en doutez pas, il sera vu et passé à ma moulinette.

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