mardi 22 septembre 2009

Deux soeurs

Une autre grand figure du Japon littéraire du XXe siècle est Yasunari Kawabata, Prix Nobel en 1968. Grand ami de Yukio Mishima, il a en commun avec lui l'ambiguïté de sa sexualité. Ce n'est pas la seule ambiguïté qui transperce son œuvre, et c'est celle-ci qui va m'intéresser aujourd'hui, celle de la réception de l'ouverture du Japon.

Lorsque l'on commence à lire du Kawabata, l'on vous conseille généralement de lire Les Belles Endormies ou Pays de Neige. Ne voulant rien faire comme tout le monde, j'ai choisi de lire Kyôto, écrit en 1962. Roman un peu à part dans sa bibliographie, il raconte l'histoire de Chieko, jeune fille qui a été adoptée et qui découvre qu'elle a une soeur jumelle. Voilà, l'intrigue tient en une ligne, et je n'aurai guère besoin d'en dire plus. L'histoire est simpliste, les coïncidences prêtent plus à rire qu'autre chose tellement l'édifice est bancale. Mais le roman ne porte pas le prénom de son héroïne. Non, il s'agit de celui de la ville où l'action se déroule (tout du moins dans l'édition française, j'y reviendrai). Kyôto. En 1962, à la croisée des chemins. En fait, elle l'est depuis le début de l'ère Meiji (1868) et l'ouverture à l'Occident. Kawabata nous sert un catalogue des fêtes traditionnelles de la ville, de son histoire, de ses quartiers, rien ne nous est épargné. Ressort de tout cela une crainte, celle de voir la ville s'enlaidir avec l'ouverture à l'Occident et perdre de son identité, ainsi, par la voix de l'un de ses personnages, Kawabata se demande si Kyôto ne finira pas par ne plus être qu'un immense hôtel-restaurant. C'est ainsi que le titre du roman en japonais est "Koto", qui signifie littéralement "ancienne ville". L'on retrouve un peu la même chose, mais cette fois-ci attachée aux personnes. Ainsi, Chieko est une fille de la ville, beaucoup plus matérialiste que sa jumelle qui vit dans la montagne au milieu de la nature. Le fait qu'elles soient jumelles montre un Japon aux deux visages, schizophrène.

L'écriture est très simple, très contemplative (l'on a droit à de longues pages sur la nature, les feuilles et les fleurs), mais l'on a jamais vraiment l'impression que tout décolle, cela manque d'unité et cet assemblage disparate d'éléments divers ne parvient pas, à l'exception des vingt dernières pages, à emporter le lecteur.

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