dimanche 2 août 2009

Endless Rain, Fall on my Heart

L'adaptation de Pluie Noire, de Masuji Ibuse, a été réalisée par Shohei Imamura et est sortie en 1989. Elle a notamment remporté deux prix au Festival de Cannes la même année : le prix spécial et le prix technique. Après avoir lu le roman, voir le film était une étape obligée. Que de difficultés pour trouver un tel film. Trop frileux pour débourser 15 euros pour un film qui pourrait ne pas me plaire, je l'ai cherché dans l'underground du net. Impossible de le trouver en version française, pas de trace de version originale sous-titrée français. C'est finalement en japonais sous-titré espagnol que j'ai pu regarder Pluie Noire.

Le film débute sur la chute de la bombe atomique sur Hiroshima, sans explication, en faisant appel au vécu du spectateur. Pas de gigantesque plan de destruction de la ville avec moults explosions comme on pourrait s'y attendre si l'évènement avait été traité par Michael Bay. Juste une image de la bombe, retenue dans les airs par un parachute, et l'explosion qui projette le personnage principal hors de son train. Il n'est jamais rien montré d'autre que ce qui est nécessaire à l'avancée de Shigematsu et de sa famille dans la Hiroshima dévastée. La tragédie (et le mot est véritablement celui-la lorsque l'on évoque ce film) est filmée en noir et blanc, renforçant l'aspect de justesse qui entoure chaque plan de la catastrophe. Les avancées des rescapés dans les rues ne durent pas longtemps, tout juste une quinzaine ou une vingtaine de minutes sur les deux heures de film, et tout est expédié avant la première heure du film avec un jeu de flashbacks entre 1945 et les années 1950. On retrouve tous les moments forts de la description de l'horreur du livre, jusqu'à un degré assez impressionnant, mais toujours dans le sens où cela sert le récit et n'est pas juste là comme accessoire de voyeurisme, et c'est sur ce point que le film est le plus fidèle en ce qui concerne la catastrophe. En dehors de cela, ce qui est raconté dans le roman n'est pas raconté, et tout le chemin du retour de Shigematsu jusque chez lui après l'explosion, puis ses différentes missions à travers les débris que lui confient son usine ne sont pas mentionnées, pas mises en scène. On y perd clairement, mais rendre une dix jours d'errances dans les ruines d'Hiroshima aurait été difficile et d'un point de vue cinématographique, aurait entrainé de gros problèmes de rythme.

En ce qui concerne la partie post-Hiroshima, elle ne respecte le roman que dans les grandes largeurs et l'on n'y retrouve qu'une poignée de scènes. Le réalisateur introduit de nouveaux personnages et de nouvelles situations, parfois de manière juste, parfois sans réel intérêt, ce qui pousse à se demander pourquoi avoir supprimé certaines scènes du livre. Le traitement de cette partie de la chronologie est juste mais manque de rythme, et tout s'essouffle après la première heure, quand l'ombre de Hiroshima est voilée et la capitulation du Japon annoncée. Les conséquences sur les hibakushas sont bien traitées, mais il n'y a rien de vraiment accrocheur dans tout cela. Le film ne se réveille qu'à un quart d'heure de la fin, quand Hiroshima revient hanter les personnages, et à travers de magnifiques plans, Imamura conclut son film avec beaucoup de dignité, comme il s'est efforcé de le faire tout au long de sa mise en scène du drame de Hiroshima.

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